Ici, il n’est pas question de faire un résumé des deux articles précédents mais essayer de dresser un portrait robot de la culture et des hommes du Nord que nous donnent les jeux vidéos puis en étendant cette vision à d’autres domaines que le jeu vidéo . En effet, les jeux vidéos ne sont pas le seul média à s’intéresser à cette culture, on peut compter sur une saison de Magic the Gathering et the Vinland Saga pour s’inspirer de cette culture.
Des hommes bagarreurs et peu scrupuleux ?
L’image qui ressort des Hommes du Nord dans les jeux vidéos est généralement proche de l’image d’Epinal du viking : fier, sauvage et libre. Dans For Honor, il sont à plusieurs reprises qualifiés de « sauvages » et de « barbares ». Parmi eux, on compte des aventuriers et des conquérants, mais aussi des marchands dont il serait déplacé de demander l’origine de leur marchandise. Ils représentent une forme d’altérité : l’homme virile et la femme revendicatrice. Dans Skyrim, les Nordiques Sombrages n’hésitent pas à prendre les armes contre deux puissants Empires : le domaine Aldmeri et Cyrodiil. En fait, on garde l’image qu’en avaient les chrétiens à l’époque des raids vikings : des démons cruels. C’est aussi ce que recherche Apollyon dans For Honor quand elle empêche Holden Cross de tuer un viking qui a pourtant massacré quarante de ses hommes et à qui il a fallu donner un coup aux mollets pour qu’il se baisse sur le billot. Elle le laisse la rejoindre car ce n’est pas « un mouton » comme les autres mais un véritable loup. Ce portrait type correspond à des personnages comme Braum de League of Legends qui est seulement armé d’un bouclier qu’il utilise de manière offensive. Un bourrin.
Pourtant, ils savent se montrer loyaux à l’image des husscarls ou de l’unité de clan dans The Saga Banner. En effet, dans ce dernier titre, il s’agit de guider son clan à travers tous les dangers qui se dressent sur le chemin. Il faut savoir faire des choix draconiens, accepter certains et rejeter les troubles fêtes et les traitres. C’est un fin équilibre entre tyrannie et chaos sur lequel le joueur s’avance et utilise ses héros. Il est possible d’en sacrifier certains quand la situation l’exige mais cela entraine toujours une lourde pénalité pour le personnage qui sera affaibli les combats suivants. A l’inverse, on peut toujours essayer d’éviter l’affrontement direct qui affaiblit le clan en le privant de ressources. Les choix sont souvent arbitraires et les conséquences souvent imprévisibles.
On peut trouver dans Dark Souls 3 des soldats qui ont des allures de vikings et correspondent à l’image que l’on se fait d’eux : grand et large, barbe fournie… Mais on trouve un autre type d’ennemis qui fait penser au monde nordique : les compagnons de Farron dont le heaume conique et le haubert font penser à ce que l’on peut voir sur la Tapisserie de Bayeux. De plus, leur manière d’attaquer avec des javelots à distance fait fortement penser aux techniques nordiques. Enfin, la forme de leur bouclier est basée sur ceux de la cavalerie normande. Ils avancent en meute, toujours prêts pour un raid sur le joueur. Encore une fois, on est dans un entre deux avec les massifs chevalier de Breuil-Moulin et les filiforme compagnons de Farron. Si ce sont des ennemis à abattre, il ne faut pas oublier qu’avant tout, ils défendent leur territoire de la présence du joueur qui apporte avec lui une prophétie mortifère pour leur monde, condamné à bruler ou à pourrir. Donc, oui, ils agissent en antagoniste, mais c’est pour leur survie.
Une culture ambiguë: entre brutalité et raffinement
La vision que nous livre les jeux vidéos est plutôt mitigée. Tantôt le côté barbare l’emporte et montre les hommes du Nord comme des brutes sans culture, qui n’existent que pour se battre et accumuler les trophées, tantôt on peut contempler les beautés architecturales et le raffinement artistiques des différents clans et lieux, comme dans The Elder Scrolls V: Skyrim. Les nombreux tertres et autres ruines montrent bien la culture des Nordiques sous des aspects plutôt glorieux. Aux riches tombeaux se succèdent de grands espaces souterrains aménagés. On trouve également des gravures, des sculptures monumentales, des peintures à foison. Il suffit de visiter les nombreux sanctuaires pour y trouver de quoi émerveiller le joueur et l’aventurier en nous.
Dans For Honor, c’est l’inverse qui s’opère. Le confort n’est pas un luxe que semblent connaitre les vikings. Les massifs forts sont avant tout fonctionnels, ils doivent repousser les assauts. Les vikings sont qualifiés par la légion d’Obsidienne de « sauvage », de « barbares » sans réelle culture, contrairement à la légion de fer et aux samouraïs. Il s’agirait là d’une vision plus chrétienne des vikings qui étaient comparés à des démons (d’où les cornes sur les casques, ce que les vikings n’ont jamais porté) sans culture, ne vivant que du pillage.
En dehors des jeux-vidéos
La culture nordique est également présente en dehors des jeux vidéos. On la retrouve dans la saison Kaldheim du jeu de cartes Magic : the gathering. Nombreux sont les mythes à être revisités et d’autres sont inventés, formant un splendide bouillon mythique extrêmement riche et complexe. Sur la carte de « Magda, Brazen Outlaw », les contours évoquent les motifs nordiques en bas reliefs, souvent sur bois. De plus, la mention « dwarf Berserker » ne laisse aucun soupçon de quel univers la carte s’inspire. et l’on pourrait en dire de même pour le dragon et les motifs draconiques. Bien sûr, Magic the Gathering est un jeu de combat alors l’aspect guerrier ressort particulièrement. D’ailleurs, le logo de cette saison est un mixe entre une hache à double tranchant, traditionnellement associé aux vikings et un corbeau, symbole de mort et de désolation que l’on retrouve dans les sagas. Néanmoins, les cartes de Magic révèle peu à peu le lore de Kaldheim et des éléments peuvent être mis en commun et faire ressortir une culture sous-jacente.
The Vinland Saga narre l’histoire de Thorfinn, jeune homme animé par la vengeance envers Askeladd qui devient dans les faits son mentor. A bord de leurs drakkars Askeladd et ses hommes pillent, saccagent l’Ouest de l’Europe, mènent un raid en France, participent au siège de Londres avant de se faire gardes du corps du Prince Knut (ou Canut). Bref, en une saison bien remplie, Thorfinn participe à bien des événements qui laissent voir le « quotidien » des vikings. Il faut reconnaitre que l’animé est bien renseigné bien qu’il prenne de grandes libertés (l’existence des Jomsvikings, la décapitation de Sven….). Il saura se montrer agréable à voir pour qui s’intéresse aux vikings, des faits et des personnages historiques (comme Thorskell par exemple) aux petits détails comme les épées à la lame large et à la lente christianisation des vikings. On se sent immergé dans le monde nordique même si les combats ressemblent plus à ceux de ninjas que de guerriers nordiques à sauter dans tous les sens ou battre une armée avec un seul homme…
Pour finir cette trilogie d’articles, la culture nordique est beaucoup représentée, que ce soit dans les jeux vidéos ou plus largement dans la culture « geek« . Elle fait rêver avec ses évènements incertains, sa dimension mythique, sa proximité (du moins pour le public européen) et en même temps son altérité. Cependant, il ne faudrait pas surabuser de cette culture sous peine de l’épuiser et de faire des productions de mauvaise qualité. A cela, on pourrait répondre que, pour que ce monde puisse exister, il faut le faire vivre, quelque soit les médiums, le renouveler et le réinventer.
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