Le flic hard-boiled: de la littérature au jeu vidéo

S’il y a un bien un personnage qui s’est développé depuis la seconde moitié du XX° siècle, c’est bien le flic dit hard-boiled (littéralement « dur à cuire »). Autant antagoniste que protagoniste, ce personnage arpente les bas-fonds qu’il connait bien pour y résoudre de sombres affaires.

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Max Payne, l’un des exemples les plus connus de flics hard-boiled

Le Bon flic ET le mauvais flic

Le personnage du flic hard-boiled tient son nom du roman noir, parfois appelé « hard-boiled » (subtile n’est-ce pas ?). Dans un monde de meurtres, de pin-up, de drogues, de mafioso et de corruption, il faut un personnage fort qui écoute son instinct quitte à aller à l’encontre de sa hiérarchie et qui sache où aller et que faire. Voici donc planté notre personnage: un gars violent qui connait les bas-fonds et qui mélange vie professionnelle et vie personnelle comme le détective principal d’Ubik qui manque de coucher avec plusieurs femmes alors qu’il est en mission. Pour l’exemple, le héros du moyen métrage Kung-Fury est une caricature du policier hard-boiled. Bien évidemment, ce genre de personnage ne sort pas de nul part, des « modèles » ont existé comme Vidocq, ancien bagnard qui intègre la police ou Allan Pinkerton qui s’élève socialement comme briseur de grève et comme détective privé et dont l’agence est connu pour la rudesse de ses moyens d’action.

Le cinéma s’empare du personnage et creuse son côté ténébreux et violent. On retrouve notamment ses personnages dans le cinéma asiatique (où représente l’anti-samurai en quelque sorte, sans code d’honneur) mais aussi dans les films noirs hollywoodiens.
Le personnage en devient même presque une caricature : clope au bec, laconique, flingue à portée de main, passé torturé, manteau long et chapeau noir. En bref, c’est le flic bourru mais qui cache un cœur sensible sous son gilet par balle. Il est brutal mais juste.

Et ce sens de la justice doit être justifié: impuissance à sauver des proches, vengeance personnelle, découverte d’une personne qui lui ouvre le cœur etc…On connait tous des exemples de ce genre de personnages, tous médias confondus : Jean Valjean pour la littérature, Batman pour les comics, Franck Bumstead de Dark City pour les films…

Mad Max

Une pincée de violence… Hum, je vais en mettre deux !

Le jeu plus connu avec un tel personnage est bien évidemment la trilogie Max Payne dont le héro éponyme se lance dans une guerre contre ceux qui ont tué sa femme. Mais il y en a plein d’autres qui sont assoiffés de justice et de violence (l’un allant rarement sans l’autre). Ce n’est pas pour rien que le Batman de Franck Miller illustre cet article. Encore une fois, violence, justice et méthodes expéditives. Dans le monde du jeu vidéo, ces personnages pullulent. Entre autre, on peut trouver Mad Max, qui bien qu’un chouia froid a un petit cœur, Max Payne, Tequila Yuen de Stranghold (dont le jeu est surnommé Hard boiled, et produit par John Woo, un réalisateur du film Hard Boiled qui reprend le personnage de l’inspecteur Tequila) ou encore le personnage principal du jeu Blade Runner. On ne pas se mentir, ces personnages ne font pas dans la dentelle. Mais c’est aussi ce qui rend ce personnage jouissif à jouer: on casse tout!

Fallout 4 : Nick Valentine

Cette violence est souvent une réponse à un traumatisme vécue par le personnage. Prenons Mad Max1. Son meilleur ami policier meurt défiguré lors d’un accroc avec un gang de motard. Les fous roulent à tombeau ouvert et la police est dépassée. Seuls quelques « superflics » arrivent à faire régner la loi ais s’attirent la haine des motards/punks/pillards. Mais à un lourd prix: la famille de Max est tuée violemment. On comprend alors la colère et la folie qui habite le personnage. C’est pour cela que quand le personnage, pourtant solitaire découvre Hope, esclave sexuelle, et sa fille, des souvenirs remontent à la surface. Bien que désabusé, il aide les gens à garder espoir et agit avec justice. Il a de nombreuses occasions de prendre le pouvoir dans les groupes de survivants mais ne le fait pas. poétique, n’est-ce pas ? Sachez quand même que Max manie plutôt bien le surin…

Une démocratisation du personnage ?

Le côté dark du personnage peut laisser le personnage séduisant, d’ailleurs, il s’invite sur de nombreux support. Je pense notamment à un jeu de 2007, sur Nintendo Hotel Dusk: Room 215 et de sa prélogie. Le flic hard-boiled est un personnage que l’on apprécie car on comprend ses motivations, à l’image de Max Payne dont le meurtre de la famille est montré dès le début du jeu. Mais ce qui pourrait rendre ce type de personnage populaire, ce sont les jeux en monde ouvert qui laisse une grande variété de personnages possibles. Aussi, Nick Valentine incarne à la perfection le détective des années 1930 avec son trench coat, son cigare et son chapeau. De plus, la multiplication des jeux retro peut laisser la porte ouverte à l’apparition grandissante du personnage. Enfin, les nombreux jeux de coopération utilisent généralement des personnages caricaturaux pour mieux les identifier (la blonde sexy, l’intello, le black musclé…) et on peut penser que le policier hard boiled a sa place dans un tel milieux. En fait, on en trouve déjà un dans le mode zombie de Call of Duty: Black Ops III : Jack Vincent, piégé dans un cauchemar pour ses meurtres. Affaire à suivre…


1: Parce que c’est un de mes personnages préférés. D’ailleurs, on peut comprendre le titre comme « Max le fou » ou « un max de folie ».

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