Le mythe originel dans le jeu vidéo

Pour donner de la crédibilité à un univers, il faut lui trouver un passé, montrer qu’il n’existe pas que le temps de la partie. De nombreux jeux évoquent des événements passés voire possède une chronologie précise comme The Elder Scrolls dont l’histoire se déroule sur des siècles depuis la création du monde.

Et le 8ème jour, Dieu créa le pixel …

Créer un mythe fondateur est très utile pour donner un passé à un monde. Toutefois, ce passé, s’il est trop proche de nous perd sa dimension « mythologique » et devient plus un fait historique. Car ce qu’il y a d’intéressant dans le récit mythique, c’est qu’on peut le fantasmer, le rêver, l’adapter voire le réfuter. C’est la définition même du mythe: à chacun d’y croire ou non, de s’imaginer comment se sont déroulés les événements. Il faut faire preuve d’imagination. Le mythe originel est une explication du monde présent, il l’organise le présent et justifie, dans un jeu tel ou tel événement, organisation, rituel etc… Dans cet article, il faudra prendre le mythe comme une expression commune et acceptée de l’origine des choses (un article viendra sur les légendes, qui sont à distinguer).

Par exemple, dans Xénoblade Chronicle, on se promène sur le corps de l’un des eux géants originels, figés lord de leur combat. Le géant noir abrite des monstruosités tandis que le sur blanc crèche une vie saine. Les lieux que l’on visite sont les différents membres des géants.. Aussi le mythe prend corps, ce n’est pas un simple concept vague, on arpente ces artefacts d’un passé commun à tous mais qui remonte à si longtemps qu’il est impossible de décrire avec précision ce qu’il s’est passé.

… Et le saint jeu fut

Certains jeux proposent une origine mythique à leur monde. Cette origine peut prendre de nombreuses formes mais « copient » généralement les mythes créateurs des civilisations réelles. God of War reprend la mythologie grecque tout en apportant des éléments qui vont constituteur l’intrigue. On peut même dire que les jeux parachèvent cette mythologie car il existe une prédiction de la mort de Zeus. Mais God of War n’est pas le seul jeu à développer une origine mythique. L’une des plus connues est celle qui régit le monde de Pokémon: tout part d’Arceus, le Dieu créateur.

Beaucoup de jeux utilisent le mythe pour expliquer une dualité, comme dans Xenoblade Chronicle avec les deux titans originaux sur lesquels s’est développée la vie. Le bien et le mal, la lumière et les ténèbres… D’ailleurs, on peut noter que dans de nombreux jeux, le joueur est amené à retracer ce mythe, à le ranimer que ce soit de manière littéral dans Dark Souls ou de manière plus imagée. Dans ce dernier, le personnage marche dans les pas des dieux et les feux de camps, qui ont fonction de checkpoint, ont été placés par les divinité lors de leur propre voyage.

La quête des origines se déploie souvent en parallèle à la quête principale et la rejoint. C’est le principe des jeux Pokémon : un pokémon unique, divin finit par croiser notre route. Ce pokémon a un rapport avec les éléments ou le passé mythique.

Le mythe est très intéressant car dans la quasi-totalité des cas de jeux, le joueur est amené à interagir avec le mythe, le modifier, le faire vivre. On peut alors se demander si le jeu vidéo n’aurait pas tendance à graver les mythes dans le marbre, à les rendre trop figé. En effet, un mythe évolue, il est en permanence réinterprété et revu: c’est ce qui le fait vivre. L’oralité a un rôle nécessaire dans la transmission du mythe .Or, le jeu vidéo montre la « vraie nature » du mythe, et une fois montré, on ne peut plus le réimaginer. Pourtant, les mythes oraux ont survécu à leur transcription et ils survivront surement au jeu vidéo, il peut s’agir d’une nouvelle étape du mythe. Le seul reproche que l’on faire, c’est que les jeux vidéos ont tendance à ne faire vivre que certains mythes/mythologie, principalement les mondes gréco-latin, nordiques et japonais. Par exemple, il y a peu de jeux tournant autour de mythes africains ou amérindiens.