Les jeux vidéos et les animés/manga japonais (partie 2)

Dans le précédent article, il était question du lien qui unit les jeux vidéos et les dessins animés japonais. Dans cette seconde partie, il sera plus question de l’hommage et de parodie que constituent les animés et mangas japonais. Il s’agit donc d’une démarche inverse à la première : on passe ici du jeu vers un autre médium.

Des hommages à foison

La culture nipponne actuelle -ou du moins telle qu’elle est perçue en Occident- mélange très bien manga et rétroculture, cette fascination pour les années 80-90. Plusieurs chemins se croisent. Depuis quelques années, on retrouve des mangas et des animés qui reprennent des éléments du jeu vidéo de façon assumée et revendiquée.

La mode des isekai1coréens explose à la suite de ceux japonais (les codes sont les mêmes, la principale différence se situant dans les techniques graphiques utilisées) : c’est ainsi qu’on voit apparaître des séries comme Solo Leveling (voir ci-dessous) ou Return to Player. On voit de plus en plus de dessinateurs et des scénaristes (quand il ne s’agit pas de la même personne) utiliser le principe des quest du jeu vidéo : un héros avec des acolytes cherchent à accomplir une quête. D’une certaine manière, le jeu est devenu le nouveau far West du manga, un espace à conquérir et où tout est possible. De l’explicite Manuke na FPS Player ga Isekai e Ochita Baai à Moi, quand je me réincarne en Slime qui utilise le bestiaire du jeu classique en plus d’avoir un côté « jeu de gestion ». Le principe de l’isekai se marie également très bien avec le concept de réalité virtuelle et accouche de nombreux manga et/ou d’animés basés sur le monde nouveau dans lequel un personnage, seul conscient d’être un joueur, utilise à profit les mécanismes du jeu pour faire avancer l’intrigue (dans Re:Zero, le personnage principal doit survivre jusqu’à des checkpoints et s’il meurt, tout reprend au dernier point de sauvegarde : il s’en sert pour apprendre des informations, tester des situations, éviter des morts).

On peut aussi retrouver une logique du « tour par tour » dans les combats des animés/mangas, logique chère au JRPG. Il existe des mangas qui intègrent même le jeu vidéo en tant que lui même: dans Jojo’s Bizarre Adventure, on assiste à un combat de jeu vidéo. Dans HunterXHunter, c’est carrément tout un arc narratif qui se passe dans un jeu vidéo.

La parodie

Autre forme peut-être d’hommage : la parodie. Le jeu vidéo est quelque chose de très présent dans la culture japonaise (patrie de Mario et de la Nintendo) : comme tout élément familier, il finit par être parodié ou détourné. L’auteur joue alors sur la complicité avec son lecteur : la parodie n’est possible que si les deux côtés connaissent les codes et peuvent identifier les transgressions et libertés qui sont prises vis-à-vis de ces codes.

Le manga Gintama en offre un parfait exemple : déjà parodique sous forme papier, l’animation permet de déployer encore plus cet aspect. Ainsi, il arrive fréquemment que les personnes brisent le quatrième mur : ils utilisent des attaques et musiques issues de jeux vidéos célèbres, se déguisent mais prétendent ne pas le faire afin d’ « éviter les copyrights » (ce qui ne trompe personne – on reconnaît très facilement Mario, Luigi, Pikachu ou Cloud Strife).

Le personnage principal est déguisé en Cloud Strife (de Final Fantasy VII)

Des arcs entiers se déroulent dans des jeux comme Monster Hunter (l’arc est d’ailleurs nommé Monkey Hunter – la référence est limpide) : les personnages reconnaissent les clichés (l’église pour sauvegarder, le vieillard qui doit donner des indications, les jauges indiquant le niveau, les monstres, les potions) et s’appliquent systématiquement et très sérieusement à les détourner ou les détruire. Dans l’arc Tama Quest (épisodes 167 à 170), un virus fait passer soudainement les personnages de l’anime en 2D pixelisée : tout l’arc se construit alors par rapport aux Dragon Quest (paroles dans des boîtes de dialogue, référence aux personnages du jeu, copié-collé des possibilités d’action, méchant assimilé au Grand Roi Démon, musiques de générique etc). Les personnages de l’animé en profitent aussi pour rire des caractéristiques de la 2D comme le déplacement à l’horizontale ou les jambes qui continuent à bouger quand le personnage est à l’arrêt. Cela mène même à des débats sur les mérites comparés des designs de jeux (personnages pixelisés, polygones, images 3D), avec nombre de références à l’appui (Wizardry, Street Fighter et ainsi de suite).

Des personnages étonnés face à la transformation en personnage 2D pixélisé

La parodie touche aussi les joueurs (aussi appelés – bien qu’il y  ait quelques différences – gamers, geek ou otaku) : c’est le cas par exemple d’OtakuxOtaku qui met en scène des personnages à fond sur les jeux vidéo et les mangas, à tel point que certains évènements ou étapes de relation sont présentées sous forme de jeu (notamment Pokémon : voir ci-dessous, à lire de droite à gauche).

Des mangas pour faire du merchandising

Enfin, il existe des mangas promotionnels : l’intrigue souvent peu compliquée vise plus faire de la pub pour un jeu vidéo. Cela permet d’attirer un nouveau public en développant la franchise dans un autre domaine (en l’occurrence, le livre) et de fidéliser celui qui existe déjà, pour le faire acheter d’autres produits dérivés de l’original. Ces « mangas publicitaires » forment un merchandising assez présent autour des franchises populaires au Japon comme la saga Monster Hunter ou Final Fantasy : on peut citer à ce titre le manga Final Fantasy : The Lost Stranger.

L’inverse existe tout autant : il y a des jeux pour faire la promotion de mangas ou qui sont dérivés de mangas populaires. Aussi, sur la 3DS on trouve One Piece: Unlimited cruised, mais aussi des jeux Berserk, Naruto, L’Attaques des titans…. Les titres et les qualités varient. Dragon Ball reste cependant celui qui probablement été le plus adapté (cf la vidéo sur le thème du Joueur du Grenier).

Article coécrit par Pierre « Arpad » et 62.52.80.60.90.32.22



1: Du japonais i (nouveau) et sekai (monde), un genre de manga dans lequel le personnage principal est réincarné dans un monde qui suit les règles du jeu vidéo (les manhwas coréens réutilisent souvent ce concept en remplaçant le jeu vidéo par le light novel)

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s