Au bal masqué (ohé ohé)

Le masque et l’identité

Les personnages masqués ont souvent attiré l’attention et la sympathie (ou le dégout) des joueurs et des joueuses du fait de leur anonymat qui laisse planer un doute plein de curiosité quant à leur identité. Le masque peut avoir plusieurs fonctions souvent en lien avec l’identité -mais pas que !-, fonctions que le jeu vidéo a utilisé à de bien nombreuses reprises. Il ne s’agit ici ni d’un top 10 des meilleurs masques, ni d’un exposé sur les personnages masqués mais bien de comprendre l’importance du masque et de son effet sur son porteur au sein du jeu vidéo.

Bien évidemment, le masque sert à cacher l’identité mais permet paradoxalement d’en créer une nouvelle à tel point que le masque devient emblématique de son porteur, comme c’est le cas du masque de Scream ou bien des Zobals¹, en ce qui concerne les films et les jeux vidéos. Les Zobals forment une ethnie reconnaissable aux masques que portent ses membres. Lesdits masques confèrent aux Zobals différents pouvoirs, aussi le masque de la classe est très puissant en combat rapproché, celui du psychopathe rend fou et celui du pleutre donne une dernière chance de s’enfuir. En plus des neuf masques primordiaux -seuls trois sont mettables dans les jeux Wakfu/Dofus– on en retrouve plein d’autres dans la bd Maskemane et les mangas offrant ainsi un large panel de variations de comportements affectant l’identité. Ce principe est très ancien et l’on peut faire référence aux masques de la comédie et de la tragédie chez les Grecs.

Dans Zelda: Majora’s Mask, les différents masques que peut porter Link affectent ses aptitudes mais aussi son physique. Suite à sa transformation en deku link puis sa re-transformation en Link humain, le personnage va changer nombreuses fois d’apparences grâce aux masques lui permettant ainsi de nager plus vite, de marcher dans la lave, de soulever des objets imposants… Mais plus que cela, les différents masques permettent à Link de modifier son apparence et ainsi se faire passer pour d’autres personnages décédés.

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La recherche de l’identité se retrouve dans le monde réel. Les masques semblent avoir de tout temps existé, sur tous les continents. Que ce soit les masques théâtraux de la Grèce antique, sacrificiels du continent américain, ceux qui mettent en lien avec les ancêtres en Afrique, pour entrer en communion avec les esprits de la terre ou la richesse des masques océaniens, il y a toujours une bonne raison d’en fabriquer. Ils sont souvent en terre, en pierre ou en bois et ont toujours une fonction; il y en a d’ailleurs tant qu’il est impossible de toutes les énumérer mais on peut retenir qu’ils possèdent une « force » dans leur rôle et leur unicité. Ils permettent de transcender le réel pour incarner une idée, une entité, un ancêtre, un personnage. Ils peuvent permettre de faire la fête, parfois le deuil.

Le masque du sauvage

Les Astari sont l’inverse des villageois: joyeux, ils ne pensent qu’à s’amuser et à se moquer de la civilisation du joueur. Même dans leur charadesign, tout sépare les sveltes et travailleurs bleus qui s’opposent aux petits sauvages rouges, à moitié dénudés, portant un masque de bois. Celui-ci, simple, orné d’un grand sourire moqueur est comme un stéréotype du bon sauvage de Rousseau, loin du masque du méchant cannibale qui hante l’esprit des aventuriers du XVI^ème siècle. Sur le vieux continent, le masque est surtout associé à la folie et les fêtes masquées marquent souvent un retournement des rôles: le chef devient le servant et le servant, le chef, c’est la logique du carnaval. Ce rôle du transgressif masque mais qui assure un retour à l’ordre est très bien décrit dans le livre Erotismes de Georges Bataille.

Le Masque de la mort et de la vengeance

Le masque peut aussi avoir un lien avec la mort. Outre le masque mortuaire, la forme de crâne peut être utilisée pour effrayer l’ennemi tout en cachant son identité. Cette technique a d’ailleurs été au cœur d’une polémique lors de la diffusion d’une image d’un soldat français au Sahel sur laquelle il arborait un foulard à tête de mort comme le faisait Ghost dans Call of Duty: Modern Warfare 2. Il s’agit là de l’incarnation d’un concept: se faire passer pour la faucheuse. Pour cela, Corvo arbore un masque métallique froid et dépourvu d’émotion hormis une bouche énorme qui semble prête à gober l’âme du premier venu. En plus d’insuffler la terreur à quiconque le voit, ce masque est un trésor technologique qui contient entre autres choses, différentes lentilles de grossissement permettant ainsi de zoomer sur les futures proies. Comme le reste du jeu, le masque est d’une inspiration steampunk et laisse apparents les nombreux mécanismes qu’il referme. De plus, il s’agit potentiellement d’un héritage dans le cas où l’on jouerait Emily Baldwin et que l’on accepterait l’offre de l’Outsider de reprendre le masque et de continuer la vendetta des Baldwin.

Pourtant, contrairement à feu Simon « Ghost » Ridley (rip) ou à un Corvo Attano affamé de vengeance, tous les masques à tête de mort ne sont pas signe de menace. Pour voir cela, il suffit de se tourner encore une fois vers Pokémon où plusieurs créatures ont un masque de crâne: Skelénox, Osselait et son évolution, Ossatueur. Dans ces trois cas, le masque fait référence à un passé douloureux: la perte d’un être cher (la mère pour Osselait/Ossatueur) ou de soi-même dans le cas de Skelénox dont on aussi peut relever qu’il a la forme de l’âme humaine dans la mythologie japonaise.

Pour conclure, le masque a bien des fonctions, des plus positives aux plus sombres. Dans tous les cas, il est lié à l’identité, autant celle que l’on veut cacher que celle que l’on veut faire apparaitre. Le masque en raconte beaucoup sur celui qui le porte. Il est souvent unique, mais comme dans Maskemane ou Dishonored, il peut être prêté, légué en héritage. Il ne se résume pas à un simple objet, il a toujours une valeur, qu’elle soit monnayable ou bien spirituelle.

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1: il existe un masque Zobal qui reprend le design de celui de Scream et dont le pouvoir est …. de donner la colique aux ennemis.