Dark Souls et Hollow Knight, une filiation du chevalier creux

Cet article ne traitera pas directement d’art mais d’intertextualité, c’est-à-dire comment des jeux différentes (ici Darks Souls et Hollow Knight) traitent de sujets identiques ou du moins ressemblants mais de façon différente. Quand j’ai joué aux quatre jeux, j’ai remarqué qu’il s’agissait de grands mêmes thèmes. Cela n’insinue bien sûr pas que l’un ait copié sur l’autre mais qu’il y a une sorte de discrète filiation entre les jeux. Pour simplifier, ne sera traité que Darks Souls 3 parce que c’est le plus connu des joueurs et Hollow Knight.

Dark Souls III

Les quatre critères du souls-like

Les Darks Souls ainsi que Bloodborne ont posé les bases de ce qui est reconnu comme le Souls-like. Définir ces jeux peut être chose ardue car il y a de nombreux forums qui débattent sur le sujet sans toujours arriver à se mettre d’accord. The Astronauts caractérise le genre par le respect de quatre points : une narration indirecte, une ambiance lugubre, des musiques pour les combats de boss et un gameplay fondé sur la maîtrise des mécaniques de combat et la connaissance des ennemis. Mais ce n’est pas suffisant, trop vague. Il ne rend pas assez compte de l’essence des jeux. Wikipédia nous apprend que « La série des Souls a créé la notion de Souls-like : des jeux qui suivent les principes généraux des Souls, en particulier l’exploration, le système de combat exigeant, le système de point de contrôle ou encore le système d’expérience« . On s’approche: l’équilibre entre curiosité et angoisse de la mort, la nécessité de connaitre le pattern de chaque ennemi et des récompenses qui ont valu tant d’efforts. Des telles définitions correspondent parfaitement à Hollow Knight et à d’autres jeux. Pourtant, il est nécessaire que les éléments de définitions restent plus ou moins vague pour ne pas exclure de jeux qui oseraient s’écarter un temps soi peu du chemin creusé par Dark Souls.

Musique de boss des Sœurs Mantes

Des thèmes semblables

le temps et la ruine, deux thèmes majeurs

Les deux jeux offrent la même base: un illustre anonyme revient sur ses pas ou se réveille pour sauver le monde du chaos. Ils s’intéressent à la marche du temps, à la chute de ce que l’on pensait éternel. Aussi, l’élite aristocratique de la Cité des Larmes (Holllow Knight) a complètement dégénérée et se met à fuir ou à attaquer le premier venu. Les soldats de Lothric ont la même réaction: ils attaquent tout ce qu’ils voient. le monde devient fou. L’histoire se fait en grande partie grâce à la narration par l’objet et le décor, les dialogues sont rares et précieux. Le joueur doit se faire archéologue pour comprendre les événements tragiques qui ont mené les royaumes à leur perte.

Ils sont aussi très différents, l’un est réaliste voire naturaliste dans le détails apporté tandis que le second est un metroidvania en 2D. De même, les mécaniques de jeu varient, dans Hollow Knight on garde la même arme et les coups restent peu variés, un style plutôt arcade comparé au grand frère qui propose pléthore d’armes, d’armures, d’attaques… Mais, ce qui, à mon avis est la plus grande différence est les lieux variés. En effet, dans les deux cas on traverse moult lieux mais ils sont différents: des murailles, le Vide, un laboratoire etc… une ville en ruine et un cimetière semblent être les deux seuls éléments communs aux deux jeux.. Sinon, chacun trace sa propre route et explore des univers uniques.

Des dieux mortels et des mortels immortels…

dans les deux cas, les Dieux sont morts ou déchus en échouant face à l’arrivée d’une nouvelle force, la Radiance pour Hollow Knight et les ténèbres pour Dark Souls. On est amené à en combattre l’un ou en aider l’autre. A noter, que dans Dark Souls III, on peut devenir l’allié des ténèbres. Par ailleurs, les boss de fin sont des dieux, à leur manière. Les échecs passés montrent à quel point la tâche est grande.

Mais contrairement aux dieux, faillibles et mortels, le personnage, lui, ne l’est pas : il revient à la vie, encore et encore pour mener à bien sa tache. D’ailleurs, la difficulté des deux titres renvoie directement au défi qui nous attend: une tache divine. Mais on revient à la vie, toujours plus fort de l’expérience acquise lors de la mort précédente. Les deux jeux présentent le sacrifice d’un quidam pour une cause qui le dépasse. Dans les deux jeux, on incarne l’illustre inconnu qui sauve le monde et dont le nom est à jamais oublié.

ce qu’il reste d’un pays jadis puissant

…Et le combat des ténèbres face à la lumière

Dans chacun des deux jeux, une entité ronge peu à peu le monde: la radiance et les ténèbres. Il faut les purger par le sacrifice du personnage jouable. Ce combat est en en fait un combat symbolique de l’ancien ordre établi contre un changement qui a de quoi faire peur. Dans Dark Souls, il nous est demandé de de nous sacrifier pour entretenir la Flamme de l’âge des Dieux. Il faut comprendre que l’humain que l’on joue agit contre le genre humain à qui l’âge des ténèbres profiteraient. Hollow Knight présente un lore moins conséquent que celui de la trilogie des Souls. De ce qu’on peut comprendre, on affronte La Radiance, ancien dieu des papillons de nuit. Celle-ci a été scellée mais elle imprègne tout et devient une menace à tel point qu’elle modifie les lieux au fur et à mesure de l’aventure.

Les ténèbres sont très ambiguës dans les deux jeux: elles constituent l’ennemi mais aussi la principale caractéristique du personnage jouable. Le Chevalier d’Hollow Knight est crée à base de ténèbres et plusieurs de ses pouvoirs y font référence. Dans Dark Souls, si la flamme meurt, commence l’âge des ténèbres, l’âge des Hommes. Dans un sens, les ténèbres sont un mal nécessaire pour sauver la vie ou la lumière. Les ténèbres sont visibles sous la cape du Chevalier et forment son corps. De même, sa tête est un masque et non pas son vrai visage. Quand il meurt, son âme se scinde et une moitié entièrement faite de vide apparait qu’il faut réintégrer à notre corps. Dans Dark Souls, les ténèbres se voient dès le logo et le titre : un cercle de ténèbres qui condamnent tous les hommes sans réel but à a se transformer en Hollow, en carcasse vide et violente. Chaque mort les affaiblit et leur humanité n’est que difficilement retrouvable.

Dark Souls - Dark Sign Wallpaper by Jbn0s0rus on DeviantArt
La marque noire: preuve de la présence des ténèbres chez les Hommes

La place de la mélancolie

La mélancolie est très présente dans les deux jeux. Dans Hollow knight, la Cité des Larmes inspire une sort de tristesse, une sorte d’éternité brisée. ces moments sont symbolisés par des checkpoints où l’on peut prendre son temps. Parfois, on y trouve des personnages avec qui parler, parfois, on est seul sur le banc ou assis par terre à contempler les flammes d’un feu de camp. Ces moments ne sont pas utiles à la narration mais ils permettent au joueur de se reposer, de se rendre copte de qu’il s’est passé et de ce qui va arriver. Attendre, juste attendre. A plusieurs reprises, l’atmosphère devient plus légère et le jeu est pittoresque, contemplatif.

La mélancolie est aussi marquée par le destin, on du moins une forme de route. Les deux princes Lothric et Lorian ont refusé de se sacrifier pour permettre l’âge du feu de se perpétuer et créer ainsi un nouvel âge. Il faut les ramener morts sur leur trône pour avancer. De l’autre côté, un petit être et sa sœur affrontent leur grand frère possédé par une entité qui le ronge et menace le monde. Les combats sont épiques, mais aussi lourd, c’est avec une forme de chagrin que les combats se terminent : on n’échappe pas à son destin et ceux qui tentent de le faire sont punis. D’ailleurs, dans Dark Souls, le destin apparait comme irrémédiable et se termine sur l’affrontement des deux derniers humains (dans les DLC). Dans Hollow Knight, le spleen se retrouve sur les bancs de sauvegarde, dans les bassins chauds… mais aussi dans les musiques, légères et qui offrent une atmosphère unique à chaque lieu.

Pour Conclure,

A mon goût, Hollow knight est un souls like non parce qu’il respecte des règles rigides (mais ça aide) mais parce qu’il transmet à sa façon une vision que l’on retrouve dans Dark Souls avec des thèmes communs (destin, mort, précision…). Plus qu’une copie comme le crachent certains, c’est une filiation sur de nombreux points qui unit les deux jeux.

une vue du chateau de Lothric

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